Pour des raisons diverses tous les sièges du XVIIIe siècle ne sont pas estampillés. Le plus souvent cela vient de ce que les salons de l’époque comprenaient assez souvent 18 ou 24 sièges qui n’étaient pas destinés à être dissociés et dont le maître n’estampillait qu’un ou deux spécimens seulement. Les autres sièges, séparés de l’ensemble au fil des successions, se sont ainsi trouvés coupés de leur parenté. Plus tard à la fin du siècle, avec la Révolution et l’abolition des corporations, l’estampille disparaîtra totalement pour ne réapparaître que sporadiquement au cours du XIXe siècle comme marque commerciale (Bastet, à Lyon) ou, au XXe siècle, comme signature d’artiste (Sornay, à Lyon).
L’attribution est donc cette opération plus ou moins complexe qui consiste à donner une paternité à un objet non signé. Les enjeux commerciaux sont parfois très élevés. Or, depuis le XIXe siècle, on a pratiqué l’attribution. C’est ainsi que des historiens de l’art comme G. Morelli ou B. Berenson se sont livrés à ce jeu. Les uns s’attachaient aux détails tandis que d’autres considéraient que seule l’appréhension intuitive de l’ensemble permettait d’identifier un auteur, comme l’on reconnaît spontanément une personne.
Cependant ces différents types d’approches, fondés sur l’expérience visuelle du connaisseur, étaient sujets à caution car le plus souvent inaptes à se fonder objectivement, ce qui laissait la place à des attributions fantaisistes et même souvent frauduleuses. C’est pourquoi des recherches ont été conduites dès les années 1980 pour tenter de mettre au point un outil d’attribution qui ne fasse pas appel à l’intuition mais seulement à des données objectives.
C’est dans ce contexte qu’est né le logiciel Systex qui propose des attributions automatiques fondées sur des traits descriptifs objectivement vérifiables (traits morphologiques, données techniques, matériaux mis en œuvre, etc.). La démarche consiste à réunir une base de données d’objets connus, à les décrire à l’aide d’une grille de référence, puis à faire calculer les relations logiques entre ces traits. Pour un artiste donné, comme Nogaret, le programme extrait les constantes, les exclusions, les propriétés exclusives et les relations d’implication. Ce qui donne une base de règles souvent assez lourde (11.418 règles pour Nogaret) que l’on appliquera comme filtre à un objet non signé donc anonyme. Si sa description ne contrevient à aucune règle, l’objet est reconnu comme étant de cet auteur.